Histoire de Charles Grosskost

Né le 5 mars 1944 à Eckbolsheim, Alsacien au regard sombre et aux cheveux noirs, Charly Grosskost fit une remarquable carrière amateur, étant, aux côtés de Lucien Aimar et Raymond Delisle, un élément de base des sélections de Robert Oubron. Coureur généreux aux efforts un peu désordonnés, il remporte la "Route de France" en 1965. Selectionné comme leader dans l'équipe de France du Tour de l'Avenir, il est pris, comme son coéquipier André Bayssière, "d'étranges malaises" au cours de la grande étape pyrénéenne de l'Aubisque et du Tourmalet, et dut abandonner. Ces deux abandons, comme ceux du Tour de France le même jour (Aimar, Den Hartog, Martin...) et la découverte, par le docteur Dumas, de produits dans les affaires des coureurs, seront à l'origine d'une plainte contre X déposée par les organisateurs des deux épreuves. Charly, un moment menacé de suspension à vie (!), est finalement suspendu pour six mois. Passé professionnel chez Peugeot-BP le 1er mai 1966, Charly devient Champion de France de poursuite, titre qu'il conservera en 1967, battant Jacques Anquetil. 1968 est sa grande année : passé chez Bic sous la houlette de Raphaël Géminiani aux côtés de Jacques Anquetil et de Lucien Aimar, Charly, tôt en forme, s'affirme, en poursuiteur qu'il est, le champion des prologues naissants des courses par étapes. Il remporte celui de Paris-Nice avant de participer activement au succès de son coéquipier Rolf Wolfshohl. Quelques jours plus tard, il fait partie de l'ultime échappée décisive de 7 coureurs dans Milan-San Remo. Il termine 2ème, devancé par Rudi Altig, mais devant Adriano Durante, son coéquipier Edward Sels, Raymond Poulidor, Rolf Maurer et Roberto Ballini. Dans le Criterium National, il fait partie de l'échappée des 5 : Raymond Poulidor, Roger Pingeon, Jean Jourden et Bernard Guyot, qui prennent un tour au peloton sur le circuit des Essarts à Rouen. Il finira 7ème de l'épreuve. Il remportera le prologue du Tour d'Italie, couru au service de Julio Jimenez et terminé à la 69ème place. Sélectionné dans le Tour de France dans l'équipe nationale "B" aux côtés de Lucien Aimar, il remporte la prologue de 7 km à Vittel, devançant Jan Janssen et Raymond Poulidor. Il défendra victorieusement son maillot jaune le lemdemain, s'immisçant dans une échappée comprenant notamment Italo Zilioli et Herman Van Springel, et remportant l'étape à Esch-sur-Alzette. L'étape contre-la-montre par équipes du lendemain lui sera fatale et devra, par le jeu des bonifications, laisser le maillot jaune à Herman Van Springel. Il terminera son premier Tour de France à une solide 17ème place, après s'être beaucoup dépensé pour Lucien Aimar. 1969 sera moins brillante. L'avènement d'Eddy Merckx, privera désormais Charly de ses succès dans les prologues et les courtes étapes contre-la-montre du Tour de France. Charly termine 3ème du prologue de Roubaix derrière Rudi Altig et Eddy Merckx et encore 3ème de l'étape contre-la-montre de 8km à Divonne derrière... Eddy Merckx et Rudi Altig. Echappé avec le Portugais Joaquim Agostinho lors de la 5ème étape Nancy-Mulhouse, depuis le col de la Schlucht, le "régional de l'étape", victime d'une crevaison à Munster, devra laisser filer Joaquim Agostinho seul vers la victoire... Charly sera éliminé dans les Alpes.
1970 voit arriver Luis Ocaña comme leader chez Bic, et Charly Grosskost devenir son ami et fidèle équipier. Dans le Tour, Charly termine 2ème du prologue de Mulhouse à 4" derrière Eddy Merckx, 3ème du contre-la-montre à Forest à 5" derrière José Antonio Gonzalez Linares et Eddy Merckx, et de nouveau 3ème de la 11ème étape contre-la-montre à Divonne derrière... Eddy Merckx et José Antonio Gonzalez Linares. Charly Grosskost sera le compagnon de souffrance de Luis Ocaña dans les 12ème et 13ème étapes alpestres. Sur la route de Gap, le 13ème jour, il fait un effort surhumain pour raccrocher Luis Ocaña, malade, au peloton des battus puis il est ensuite lâché et doit abandonner. C'est à Charly Grosskost que Luis Ocaña dédiera sa victoire d'étape, le 17ème jour, à Saint-Gaudens. Charly représente ensuite la France, à Leicester, au Championnat du Monde de poursuite. Battu par un irrésistible Hugh Porter qui évolue devant ses compatriotes, Charly devance pour la médaille de bronze le Belge Dirk Baert.
1971 voit Charly Grosskost, toujours au service de Luis Ocaña chez Bic, remporter des prologues dans des courses dans lesquelles Eddy Merckx n'est pas là : le Tour de l'Oise, les Quatre jours de Dunkerque. Il sera le fidèle équipier de l'Espagnol de Mont-de-Marsan, terminant 3ème du contre-la-montre d'Albi derrière Eddy Merckx et Luis Ocaña, et finissant à la 48ème place à la Cipale. Charly a jeté son dévolu sur les Championnats du Monde de poursuite organisés à Varèse, sacrifiant plusieurs contrats. Facile vainqueur du tenant du titre Hugh Porter en 5'57" en demi-finale, il échoue, victime de ses nerfs, en finale derrière son "vaincu" de l'année précédente, Dirk Baert. La désillusion est immense pour Charly et les supporters alsaciens qui l'avaient accompagné en Suisse. Charly ne se remettra sans doute jamais de cette déception.
1972, toujours chez Bic, est une saison en demi-teinte : il remporte à nouveau le prologue du Tour de l'Oise, celui de l'Etoile des Espoirs ainsi que la 3ème étape contre-la-montre de l'épreuve de Jean Leulliot, et remporte, dans son jardin, le criterium d'Eckbolsheim... Mais il n'est pas retenu pour le Tour de France. 1973 voit Charly changer de casaque et passer de l'orange de Bic au bleu clair-violine de Gan-Mercier, au service de Raymond Poulidor et Cyrille Guimard. Généralement en forme en début de saison, Charly finit 7ème de Paris-Nice. Dans le Tour, il termine 8ème du prologue de Scheveningen, et se met en valeur dans la 5ème étape Nancy-Mulhouse dont il est le régional. Il entame une échappée de 100 km, passant en tête au col de la Schucht puis au Grand ballon... pour être rejoint, après incident mécanique, à 5 km de Mulhouse. Dépassé par le peloton dont Walter Godefroot sera le plus rapide, Charly arrivera 104ème et dernier ! 6ème du contre-la-montre de Versailles, Charly terminera 67ème, dans une équipe Gan-Mercier démantelée après les abandons de Cyrille Guimard, puis de Raymond Poulidor, alors que son ami Luis Ocaña affiche, chez Bic, un succès complet.
Passé chez Jobo-Lejeune en 1974, Charly Grosskost court peu, remporte tout de même un ultime titre de Champion de France de poursuite, et entame sa reconversion en ouvrant un garage en Alsace. Il aura manqué peu de choses à Charly Grosskost pour être un "tout grand". Un peu plus de chance dans un Milan-San Remo, un Championnat du Monde de poursuite et deux étapes alsaciennes du Tour, l'absence d'Eddy Merckx dans les prologues du Tour... Il restera néanmoins comme un grand poursuiteur, un coureur courageux et un équipier fidèle.
Charly Grosskost est décédé le 19 juin 2004 lors d'une sortie à vélo avec des amis dans la banlieue strasbourgeoise. Ses amis avaient dû insister pour qu'il les rejoignent car il ne se sentait pas bien en ce début d'après-midi. Victime d'un malaise sur le vélo, il est allé heurter une voiture lors de sa chute.
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